Au quatrième jour de son voyage en Israël qui en compte huit, une large délégation des amis belges du KKL-FNJ est arrivée jeudi 29 novembre 2018 à l’Institut situé au kibboutz Tel Yitzhak pour cet évènement.
Vingt-quatre mois plus tôt, une délégation similaire avait déjà pris part à une cérémonie au même endroit en signant un projet de construction d’une place du nom des Poalei Tzion de Gauche, le mouvement sioniste qui a sauvé des Juifs belges pendant la Shoah.
Après un petit-déjeuner de bienvenue, les visiteurs ont été accueillis dans l’auditorium du campus où le directeur général de Massuah, Aya Ben Naftali leur a expliqué que l’Institut compte un centre d’éducation et un musée qui visent à la préservation de la mémoire de la Shoah.
« Nous mettons aussi en avant l’idée que l’humanité doit rester vigilante pour empêcher que se produisent d’autres génocides dans le futur. J’aimerais rappeler le sondage de CNN au début de cette semaine. Il révèle parmi d’autres faits choquants que 34% de la population en Europe de l’Ouest n’a jamais entendu parler de la Shoah et que 25% pense que les Juifs ont trop d’influence dans les affaires et la finance. Massuah cherche à combattre ces statistiques hallucinantes. »
Le professeur Yitzhak Kashti, Président de Massuah, lui-même rescapé de la Shoah précise qu’il est important non seulement de ne jamais oublier la Shoah mais aussi de préserver le souvenir de groupes tels les Poalei Tzion de Gauche et ses membres qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs.
L’héroïsme des membres des Poalei Tzion de Gauche en Belgique constitue un fait historique peu mis en lumière. Or, le courage de ces jeunes hommes et femmes ne doit jamais être oublié. J’aimerais saluer aussi les relations entre le KKL-FNJ et Massuah qui se sont toujours avérées fortes, stables et durables. Ici, à Massuah, nous sommes très reconnaissants au KKL-FNJ.
Le président du KKL-FNJ en Belgique, Jacky Benzennou se dit être fier que le KKL-FNJ belge participe à cet important travail que fait Massuah.
Compte tenu de la situation en Europe aujourd’hui, il va sans dire que le KKL-FNJ de Belgiquese doit d’être engagé dans la lutte contre le racisme en général et l’antisémitisme en particulier. Nous sommes très honorés d’être votre partenaire dans cette mission et nous vous en remercions.
Berthe Hendlisz-Wolfowitz, vice-présidente du KKL-FNJ de Belgique, dernière à prendre la parole a expliqué plus précisément le rôle du Poalei Tzion de Gauche pendant l’occupation nazie en Belgique.
« Le Poalei Tzion de Gauche était un parti sioniste socialiste qui, pendant la période de la Shoah, a été très actif contre le fascisme en Europe. En Belgique, où la population juive a été brutalement rassemblée et envoyée dans des camps de concentration, le groupe a organisé une résistance armée et a sauvé des Juifs belges, environ 10000 adultes et 3 à 4000 enfants. »
Quand la plaque a été dévoilée sur la place, les hôtes de la Belgique ont pu entendre une chorale d’enfants des écoles, de talentueux nouveaux immigrants arrivés en Israël ces deux dernières années. Le directeur musical du groupe était le musicien Menachem Slutzker, lui aussi nouvel immigrant en provenance de Lithuanie.
Avec l’aide d’Etty Lankry du Bureau européen du KKL-FNJ, Jacky Benzennou, Berthe Hendlisz-Wolfowitz et Betty Dan du KKL-FNJ de Belgique ont dévoilé la plaque qui disait :
Ce point de rencontre au musée a été établi grâce au soutien du KKL-FNJ belge en mémoire des membres du Poalei Tzion de Gauche en Belgique qui ont risqué leur vie pour résister aux Nazis et sauver des Juifs.
Après la cérémonie de la plaque, les participants ont visité une autre aile du musée qui illustre l’incitation au racisme depuis plus de 100 ans. Guidés par Dr Merom Kalie et Lauren Peer, ils ont vu une exposition très détaillée du procès Eichmann puis une section sur l’intolérance raciale dans le monde d’aujourd’hui. Quelques membres de la délégation belge, très ébranlés par la visite ont dû être épaulés psychologiquement par leurs compagnons.
Aussi, après ces documents sur la Shoah qui avaient fortement attristé les participants, la beauté du panaroma lors d’une promenade le long de la rivière Alexander, à quelques encoignures du musée Massuah les a tant soit peu rassérénés.
Pendant le périple, le guide de KKL-FNJ Avner Cohen leur a dit qu’à l’époque de la création de l’Etat, la rivière sur 32 km était complètement polluée par des déchets toxiques et était pratiquement morte.
« La situation a changé en 1995 quand le KKL-FNJ a pris l’initiative de créer l’Administration pour la restauration de la rivière Alexander qui revint alors à la vie après sept longues années d’efforts. Il y a encore beaucoup à faire mais nous avons déjà bien agi comme le montre l’abondance de la flore et de la faune aquatiques. »
Alors qu’il marchait le long de la rivière, un des participants Mark Moshe Wolf s’est mis à collecter des sacs de plastique abandonnés et des déchets qui gisaient épars.
« Je fais de même en Belgique, dit-il, en tant qu’éducateur, j’essaie de montrer l’exemple aux jeunes. »
Wolf dit qu’il travaille en partenariat avec le musée juif de Bruxelles et le musée de l’holocauste à Mechelen. « J’ai été très impressionné par la nouvelle aile du musée Massuah qui rappelle l’incitation à la haine raciale dans le monde aujourd’hui. Je vais suggérer au musée de l’holocauste d’en adopter l’idée car il y a un réel besoin d’en parler en Belgique. »
A la fin du déjeuner dans un restaurant de Césarée, Mark Wolf a dit que la qualité de vie des classes moyennes belges s’érode et que la situation de la communauté juive est particulièrement précaire.
La classe moyenne en Europe souffre pour plusieurs raisons. Elle n’a pas été capable de suivre quand le monde se modernisait rapidement. Le monde numérique n’a pas tenu compte d’elle. Elle a été laissée à la traîne dans tous les domaines comme l’industrie et le commerce.
Laura Marks se joint à la conversation et explique pourquoi la situation de la communauté juive est si difficile.
« Les Juifs appartiennent à la classe moyenne qui se portait bien il y encore peu de temps. Maintenant, leur niveau de vie baisse. Il est triste de constater qu’aujourd’hui, même les Juifs n’ont pas les moyens de veiller à leurs familles comme ils le faisaient dans le passé. Leurs enfants éprouvent d’énormes difficultés à trouver du travail. De plus, l’antisémitisme ne fait que se renforcer dans toute l’Europe. Notre situation n’est vraiment pas bonne. »
Pendant la visite du Parc national de Césarée, un participant Yehuda Zeitfinger a eu l’occasion d’expliquer pourquoi l’antisémitisme belge a atteint un sommet qu’il ne faut pas ignorer.
« Les gens ont peur. Le racisme contre les Juifs gagne tous les quartiers. Il se manifeste ouvertement dans la population musulmane mais le vieil antisémitisme traditionnel de droite et de gauche qui avait disparu complètement refait surface. Aujourd’hui, on n’a pas de honte à être antisémite.
Alors qu’ils se rendaient à leur bus à la fin de leur visite à Césarée, les participants réalisent avec joie que cette cérémonie pour la nouvelle place au musée de Massuah a eu lieu un 29 novembre, anniversaire du plan de partition à l’ONU appelant à la création d’un Etat juif dans le pays d’Israël.